Mobile sur deux plans Calder Alexander

Mobile sur deux plans

Dimensions

H. : 200 cm ; L. : 120 cm ; Pr. : 110 cm

Provenance

Technique

Sculpture

Matériaux

Tôle d’aluminium et fils d’acier peints

Datation

1962

Lieu de conservation

France, Paris, Centre Pompidou, musée national d’Art moderne

Une sculpture est-elle toujours une œuvre statique ? Comment Alexander Calder invente-t-il un nouveau type de sculpture en mouvement ?

Alexander Calder est un artiste américain, né d'une mère peintre et d'un père sculpteur. Diplômé d'une école d'ingénieur en 1919, ce « touche-à-tout » se tourne bientôt vers la sculpture et commence à travailler le bois avant d'explorer d'autres matériaux.

L'œuvre analysée ici image principale est un exemple emblématique de ses Mobiles, une longue série de sculptures intégrant le mouvement engagée au début des années 1930. Gracieux et léger, Mobile sur deux plans est fait d'un assemblage de feuilles de métal de couleurs vives accrochées à l'extrémité de longues tiges métalliques. En dépit de la taille monumentale de la sculpture, un souffle d'air suffit à la mouvoir, lui donnant une infinité de formes possibles image b image c image d.

Une savante construction poétique

Calder livre ses créations au souffle de l'air. La construction de son œuvre résulte d'un savant processus qui repose sur ses compétences d'ingénieur.

Les formes sont d'abord découpées d'un geste rapide au chalumeau dans de la tôle d'aluminium, puis peintes. Calder restreint son choix aux couleurs primaires, auxquelles il associe du noir et du blanc.

Bien qu'abstraites, ces formes évoquent des feuilles ou des pétales. Accrochées à de longues tiges métalliques placées en équilibre, elles se balancent au gré du vent. Le point d'attache dans l'espace est généralement décentré, conférant à la sculpture une impression de grâce instable. Le rythme ne peut se répéter, il échappe à tout système et l'œuvre se recrée indéfiniment.

Cet aspect poétique évoque l'art ludique et joyeux de son ami Joan Miró, dont Calder admire le travail. Il a d'ailleurs exposé avec lui au Pavillon espagnol, dans le cadre l'Exposition universelle qui s'est tenue à Paris en 1937 image 1.

Premières expérimentations mobiles

La série des Mobiles résulte d'une longue élaboration qui remonte à l'installation de Calder à Paris en 1926. À cette date, le jeune sculpteur, comme d'autres artistes américains tels Ernest Hemingway et Henry Miller, vient tenter sa chance dans la capitale française qui le fascine. Calder crée d'abord des jouets articulés et dessine des personnages dans l'espace avec du fil de fer image 2. Il réalise tout un univers lié au monde du cirque, qu'il vient de découvrir. En utilisant des matériaux hétéroclites comme le papier, le fil de fer, la ficelle, il donne vie à des acrobates, des clowns, des animaux. L'artiste met en scène des représentations de son cirque miniature, véritables performances accompagnées d'effets sonores. Il connaît un grand succès à Paris comme à New York.

L'influence de Mondrian

La rencontre de Calder avec Piet Mondrian en 1930 marque un tournant dans son travail. L'artiste est frappé par les toiles abstraites et colorées du chef de file du néoplasticisme, dont il retient la palette limitée aux trois couleurs primaires (bleu, jaune, rouge).

L'atelier de Mondrian est une œuvre d'art à part entière, où le mobilier fait écho à sa peinture. Fasciné par cet univers, Calder s'exclame : « C'est formidable. Il faudrait que vos couleurs bougent. » Le mouvement devient alors l'objet de sa recherche fondamentale.

La recherche autour du mouvement

Les premières œuvres animées de Calder sont exposées dès 1932 à Paris, galerie Vignon image 3. Marcel Duchamp est le premier à nommer « mobiles » ces objets-sculptures en mouvement. Il est d'ailleurs l'un des précurseurs de cet art cinétique. Dès 1913, il fait ses premières expérimentations dans ce domaine, notamment avec sa Roue de bicyclette image 4, puis, dans les années 1930, réalise des machines optiques en rotation, les Rotoreliefs image 5. Calder a aussi recours à de petits moteurs électriques pour mettre ses œuvres en mouvement. À partir des années 1930, après avoir rejoint le groupe d'avant-garde, Abstraction Création, il renonce peu à peu à ces mécanismes, préférant abandonner ses sculptures au seul souffle de l'air.

Les Mobiles de Calder rejoignent les collections muséales les plus prestigieuses et rencontrent un grand succès public. Comme un contrepoint à leur légèreté, l'artiste s'intéressera également à la gravité terrestre en créant des formes monumentales ancrées dans le sol, les Stabiles, réalisées en acier au carbone. Ces œuvres feront l'objet de nombreuses commandes publiques image 6.

Véronique Duprat-Roumier

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/mobile-sur-deux-plans

Publié le 20/11/2020

Ressources

Le site de la Fondation Calder à New York

http://www.calder.org

Un dossier pédagogique sur la couleur réalisé par le Centre Pompidou, et dont une partie est dédiée au travail d’Alexander Calder

http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Cpmobile_cambrai/cpmobile_lacouleur_cambrai.pdf

Glossaire

Mobile : Un mobile est une sculpture aérienne, animée d’un mouvement constant sous l’impulsion de l’air.

Néoplasticisme : Mouvement artistique né aux Pays-Bas en 1917, dont les trois principes esthétiques fondamentaux sont l’utilisation de couleurs pures uniquement, le renoncement aux lignes courbes et obliques, et l’équilibre parfait de l’œuvre créée. Piet Mondrian est le théoricien de cet art abstrait et géométrique.