Zodiaque de Dendéra

Le Zodiaque de Dendéra

Auteur

Dimensions

H. 253 cm ; L. 255 cm

Provenance

Temple de Dendéra

Technique

Bas-relief

Matériaux

Grès

Datation

15 juin – 15 août 50 av. J.-C.

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Quelle était la connaissance des astres en Égypte ancienne ?

Ce bloc de grès image principale de 2,55 m de côté, de forme carrée, figure en bas relief la voûte céleste, ses constellations ainsi que des planètes connues durant l’Antiquité égyptienne. La sculpture montre le ciel sous forme circulaire, soutenu par quatre déesses détail b, en rouge, des points cardinaux et huit divinités détail c, en vert à tête de faucon. Autour de cette sphère plate, se trouvent aussi 36 personnages détail c, en bleu représentant les décans. Le bloc est issu d’un plaffond prélevé dans une chapelle d’un temple de Dendéra, en Égypte, situé au nord de Louxor. Il a été acheté par le roi Louis XVIII au pacha Mehemet Ali pour rejoindre la France en 1821 et être exposé au musée du Louvre, où il se trouve toujours.

Le problème de datation

À son arrivée en France, plusieurs datations ont été avancées, dont une qui proposait d’y voir le ciel de Thèbes vers 15 000 av. J.-C. Si cette date très ancienne est soutenue par ceux qui veulent y voir la preuve d’une grande ancienneté de la science égyptienne, d’autres considèrent cette pierre comme un ouvrage d’inspiration grecque plus récent. Mais c’est aussi l’Église qui s’inquiète de cette datation ancienne, car elle admettait la création du monde en 4004 av. J.-C., ce qui signifierait que rien d’antérieur n’aurait pu être créé. Dès 1822, année où il déchiffre les hiéroglyphes, Jean-François Champollion a proposé une datation récente, sous l’occupation romaine.

Le temple de Dendéra

Dès l’époque des pyramides, Dendéra était un lieu religieux, administratif et commercial. Le site image 1 est situé sur la rive ouest du Nil et comporte plusieurs temples. Celui auquel appartenait ce bloc est entouré d’une enceinte de brique de près de 300 m de côté. Il a été fondé à l’époque ptolémaïque par le pharaon Ptolémée XII Aulète le 16 juillet 54 av. J.-C. et est dédié à la déesse Hathor. Le visage de cette déesse est représenté en haut des colonnes de la salle hypostyle, sous la forme de visages féminins aux oreilles de vache. Au-dessus de la coiffure, figurent de petits temples image 2. La construction du temple suit un alignement astronomique, puisque son axe est celui du lever de Sirius, l’étoile qui annonce une nouvelle année et la venue de la crue. Ses plafonds s’inspirent aussi de connaissances célestes. Une copie de ce bloc a, depuis, été replacée dans le temple.

Les connaissances en astronomie durant l’Antiquité égyptienne

Sur cette sculpture, il est possible de reconnaître certaines constellations, telles que celles du Bélier détail d, en orange, du Taureau détail d, en orange ou du Scorpion détail d, en orange, connaissance héritée du monde grec et mésopotamien. En revanche, certaines représentations sont typiquement égyptiennes, comme l’identification du Verseau à Hâpy détail e, en jaune, le dieu de l’inondation, la Grande Ourse en forme de patte de taureau détail e, en jaune ou encore les 36 personnages qui symbolisent les décans, soit les 360 jours de l’année égyptienne. Le premier décan est placé sous le signe de Sirius. La position des cinq planètes que les Égyptiens connaissaient alors (Vénus, Jupiter, Mars, Mercure et Saturne) ne se reproduit à l’identique que tous les mille ans environ, ce qui permet de dater précisément le ciel représenté entre le 15 juin et le 15 août 50 av. J.-C. Y sont également représentés plusieurs évènements que l’on identifie précisément, telles que l’éclipse totale de lunaire (œil Oudjat) détail f, petit cercle jaune du 25 septembre 52 av. Jésus-Christ à 22 h 56 et l’éclipse solaire détail f, grand cercle jaune (Isis tirant Thot par la queue) presque totale à Dendéra du 7 mars 51 av. Jésus-Christ à 11 h 10.

Le lien avec le culte d’Osiris

Dans le temple de Dendéra, consacré à Hathor, la chapelle où était gravé le zodiaque faisait partie d’un ensemble suivant le cycle lunaire et dédié aux cérémonies du mois de Koiak, en l’honneur d’Osiris. À cette occasion, des figurines du dieu étaient fabriquées avec des graines d’orge, symbolisant sa renaissance après avoir été démembré par son frère Seth. Isis s’était alors unie à lui pour engendrer Horus et assurer la relève. Certaines des opérations alchimiques de ces cérémonies se déroulaient sous le zodiaque, pour charger les figurines de la puissance céleste.

Raphaëlle Frémont

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/zodiaque-de-dendera

Publié le 19/10/2022

Ressources

« La date de conception du zodiaque du temple d’Hathor à Dendéra », un article d’Éric Aubourg publié dans le Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale

https://www.ifao.egnet.net/bifao/095/01/

La page Wikipedia consacrée à l’œuvre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Zodiaque_de_Dend%C3%A9rah

« Mémoire sur le zodiaque circulaire de Denderah », un article de Jean Baptiste Biot publié dans les Mémoires de l’Institut royal de France en 1846

https://www.persee.fr/doc/minf_0398-3609_1846_num_16_2_1373?q=zodiaque+denderah

Un article de Colette Le Lay publié dans le Bulletin du Comité de liaison des enseignants astronomes

http://clea-astro.eu/archives/cahiers-clairaut/CLEA_CahiersClairaut_094_08.pdf

Un article de Giulya Priscin sur le culte d’Osiris, Isis et Horus en lien avec l’œuvre dans la revue Égypte nilotique et méditerranéenne (en anglais)

http://www.enim-egyptologie.fr/revue/2015/9/Priskin_ENiM8_p133-185.pdf

Un article du blog L’Égypte à travers les papyrus

http://papyrus-egyptien.blogspot.com/2007/06/zodiaque-de-denderah.html

Glossaire

Azimut : Angle formé par le plan vertical d’un astre et le plan méridien d’un lieu.

Constellations : Groupe d’étoiles voisines décrivant une figure particulière et auxquelles un nom conventionnel est attribué.

Décan : Actuellement, l’une des trois parties de chaque signe du zodiaque, et qui n’est pas exactement égale à dix jours puisque notre année est sur une base de 365 jours, contrairement aux Égyptiens qui comptaient sur 360, avec 36 décans de dix jours.

Hâpy : Divinité égyptienne personnifiant le Nil, en particulier son inondation et l’abondance qui en découle.

Hathor : Divinité égyptienne associée à l’amour et la fécondité, souvent représentée sous la forme d’une vache allaitante, ou avec des oreilles ou des cornes de vache encadrant un disque solaire.

Isis : Divinité primordiale du panthéon égyptien, reine et protectrice des défunts, épouse d’Osiris.

Khoiak : Quatrième mois de la saison Akhet du calendrier nilotique, ce qui correspond aux mois d’octobre et de novembre du calendrier grégorien.

Osiris : Dieu du monde des morts de l’Égypte pharaonique. Sa personnalité se construit et se complète au fil des siècles jusqu’à l’époque romaine. Fils de Geb, la terre, et de Nout, le ciel, il est désigné premier roi sur terre par le démiurge (ou créateur) Atoum. Assassiné par son frère Seth, jaloux de lui, il est le premier être de la création à avoir subi le drame de la mort. Ramené à la vie par l’intervention magique de son épouse Isis, il règne dès lors sur l’au-delà. Il est représenté gainé dans un linceul, portant une couronne et les sceptres de la royauté.

Seth : Divinité primordiale du panthéon égyptien, frère d’Osiris, incarnant les forces de la destruction.

Sirius : Dans l’Égypte antique, étoile la plus brillante du ciel, et principale étoile de la constellation du Grand Chien, aussi appelée Alpha Canis Majoris.

Zodiaque : Bande de ciel à l’horizon dans laquelle les constellations et le soleil se lèvent tout au long de l’année.

Salle hypostyle : Mot d’origine grecque désignant une salle dont le plafond est supporté par des colonnes.