Statuette équestre de Charlemagne ou Charles le Chauve

Charlemagne ou Charles le Chauve

Auteur

Dimensions

H. 25 cm

Provenance

Cathédrale de Metz

Technique

Sculpture

Matériaux

Bronze

Datation

Première moitié du IXe siècle

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Charlemagne ou Charles le Chauve ? Un empereur ou le symbole d’un empire ?

Charlemagne (771-817) est désireux de ressusciter la grandeur de l'Empire romain d'Occident. L'Antiquité s'impose à lui comme référence culturelle. Cette statuette équestre [ image principale ] reprend les codes de l'art romain du point de vue tant esthétique que symbolique.

À la recherche de l'antique

À la suite de son père, Pépin le Bref, qui a jeté les bases de la dynastie carolingienne, Charlemagne veut consolider son empire et éviter le morcellement de ses terres. L'unité et la grandeur romaines apparaissent comme un symbole qu'il convient de restaurer. Il engage une vaste réorganisation économique et administrative, et s'appuie sur l'Église pour sacraliser son pouvoir dans une démarche proche de celle des empereurs byzantins. La civilisation carolingienne trouve ses sources dans l'héritage du Bas-Empire. À l'imitation des Romains, Charlemagne s'entoure d'une cour fastueuse, cultivée, et crée des ateliers d'art palatiaux. L'orfèvrerie, le travail de l'ivoire et la technique de la fonte du bronze connaissent un formidable essor. La statuette symbolise ce renouveau artistique que l'on appelle la Renaissance carolingienne.

Une ou deux œuvres ?

La couronne fleuronnée et l'orbe, symbole de pouvoir sur le monde, tenu dans la main gauche, indiquent clairement que le cavalier est un souverain. Son identité reste néanmoins incertaine. Le visage un peu lourd avec sa moustache [ détail b ] rappelle celui de Charlemagne connu par des monnaies, mais il a aussi été comparé à celui de Charles le Chauve, son petit-fils, représenté sur des enluminures. La facture du personnage est caractéristique du IXe siècle. Mais la statuette présente un étrange rapport de proportions entre l'homme et sa monture : le cheval semble beaucoup trop petit pour supporter la taille et le poids de son cavalier. De plus, le style de l'équidé et celui du cavalier ne sont pas identiques. Les deux parties de l'œuvre n'ont donc vraisemblablement pas été réalisées au même moment. Le cheval [ détail c ] est considéré comme une pièce antique réemployée.

Au cœur du pouvoir

Les petites dimensions de la statuette ne diminuent en rien l'aspect majestueux de l'ensemble. L'empereur, vêtu d'une tunique et d'un manteau fixé sur l'épaule par une agrafe, semble parfaitement à l'aise sur son destrier, monté sans étriers. Un fourreau dépasse de son manteau sur le flanc gauche du cheval. Malgré sa petite taille, cette statuette se réfère aux grandes statues équestres romaines, notamment celle de l'empereur Marc Aurèle, érigée sur la place du Capitole à Rome [ image 1 ]. Les rares représentations d'empereurs carolingiens conservées les montrent assis sur leur trône. Le choix d'une statue équestre est donc assez exceptionnel et n'est pas anodin. Le cavalier monté sur un cheval en mouvement, calme et droit, exprime une dynamique, celle d'un pouvoir en marche. L'Empire carolingien suit les traces de l'Empire romain.

Un empereur idéal

La statuette a été conservée jusqu'à la Révolution dans le trésor de la cathédrale de Metz, ville qui était un important centre artistique à l'époque carolingienne. Elle est la seule sculpture de bronze en ronde-bosse que nous possédions intacte pour cette période. Son caractère précieux était à l'origine renforcé par une dorure, aujourd'hui disparue. Elle représente un empereur dans la force de l'âge, apte à gouverner et à affermir son pouvoir. Le cavalier affirme sa domination sur différents peuples et s'impose comme le défenseur de la foi chrétienne. La statuette symbolise le caractère universel de la mission impériale.

Il est difficile de savoir s'il s'agit de Charlemagne ou de son petit-fils, Charles le Chauve. Mais il est indéniable que l'idée qui a présidé à la conception de cette statuette est avant tout la représentation idéale d'un empereur carolingien.

Ressources

Un article sur les Carolingiens

http://fr.wikipedia.org/wiki/Carolingiens

Une exposition sur les Carolingiens à la BN

http://expositions.bnf.fr/carolingiens/index.htm

Glossaire

Civilisation carolingienne : Civilisation qui se développe en Europe occidentale durant les VIIIe et IXe siècles sous la dynastie des Carolingiens. Architecture et arts dits mineurs (enluminure, travail de l’ivoire…) connaissent alors un véritable essor.

Renaissance carolingienne : On appelle Renaissance carolingienne le renouveau artistique qui commence avec le règne de Charlemagne et qui se caractérise par un retour aux modèles antiques.

Statue : Sculpture en trois dimensions réalisée dans différents types de matériaux (pierre, bois, métal, terre).

Bronze : Alliage de cuivre (au moins 75 %) et le plus souvent d’étain. 

Ronde-bosse : Sculpture en trois dimensions, travaillée sur toutes ses faces. Toute statue est une ronde-bosse.

Enluminure : Peinture de petites dimensions ornant les pages d'un manuscrit.

Orbe : Globe surmonté d’une croix, symbole du pouvoir royal ou impérial.